C’est en novembre 1963 qu’Éliane Pinault a posé ses valises au Parc Le Nôtre avec son mari et ses deux enfants. Elle se souvient de cette époque où la solidarité primait entre voisins.
“La résidence venait d’être construite, le chantier extérieur n’était même pas terminé. J’ai élevé mes enfants, puis exercé comme assistante maternelle. La mixité sociale était très présente, on s’entraidait entre mamans, par exemple quand un bébé était malade. Quand mes enfants sont partis de la maison, j’ai eu envie de m’investir dans une association. Je savais qu’une Amicale des locataires avait été créée et je me suis engagée.”
Au décès de son mari, en 2002, elle a accepté de devenir présidente. “Nous avions la mission de défendre les locataires vis-à-vis du bailleur. Tous les vendredis, ils pouvaient venir poser des questions et porter leurs doléances durant notre permanence, même si beaucoup avaient du mal à parler de leurs difficultés. Dans les réunions collectives, nous leur disions de ne pas attendre le dernier moment pour venir nous parler de leur situation. Le directeur de l’agence Emmaüs Habitat était très à l’écoute. Les problèmes se résolvaient toujours, même si ça prenait du temps !”
“M’investir à l’Amicale, ça m’a enrichi, ça m’a élevé”
La réhabilitation du quartier, dès 2007, a beaucoup marqué Éliane Pinault. “Notre rôle s’est intensifié avec la rénovation qui prévoyait plusieurs démolitions de bâtiments et beaucoup de déménagements. Les locataires étaient inquiets de ces changements. Pour les rassurer, nous avons travaillé avec des urbanistes qui ont créé des maquettes des nouveaux logements. Emmaüs Habitat nous a bien aidé à surmonter ces difficultés.”
L’ex-présidente avoue avoir grandi durant cette période. “Je suis issue d’une grande famille, je ne suis pas beaucoup allée à l’école. J’aidais ma mère à s’occuper de ses 16 enfants. Alors m’investir à l’Amicale, ça m’a enrichi, ça m’a élevé. Ça m’a fait du bien de rencontrer des gens, j’ai appris à m’exprimer. Avant ça, j’étais très timide. J’ai toujours eu un caractère à aller au-devant des gens, mais je n’osais pas trop. Maintenant, j’ose !”
“J’aime bien mon chez-moi, mais j’aime aussi rencontrer des gens”
C’est aussi au moment de la réhabilitation qu’a été repensée la politique senior. Éliane Pinault s’est beaucoup investie dans ce projet. “Nous avons organisé plusieurs réunions avec les habitants des résidences Jules César, Blanche Castille, du Clos du Roi et du Parc Le Nôtre. Les enquêtes auprès des locataires montraient qu’il y avait besoin d’adapter les logements et de créer des activités pour les plus âgés. Nous avons présenté le projet lors d’une réunion. Beaucoup de gens étaient là, ils ont pu poser leurs questions. Les habitants ont compris que c’était un bon programme, que ça permettrait à certains de rester chez eux plutôt que d’aller à l’hôpital ou à l’EHPAD.”
La Petite Pause, le lieu ressource dédié aux seniors, est née à ce moment-là. “On y organise des ateliers le lundi, mardi, jeudi et vendredi. Je suis présente tous les jours ! Notre animatrice est formidable, elle est à l’écoute et bienveillante. J’aime bien mon chez-moi, mais j’aime aussi participer, rencontrer des gens. Quand il fait beau, on en profite pour faire des plantations dans notre petit jardin partagé. On va au cinéma, on voyage, on loue des cars pour sortir. On a passé deux jours à Esteville pour voir une exposition sur l’Abbé Pierre. On a dormi là-bas dans un gîte. C’était très intéressant et nous avons eu un super accueil !”
“Les grands ensembles, c’est comme une famille”
Mme Pinault se souvient particulièrement d’une rencontre avec une femme âgée de sa résidence. “Tous les ans, je passais voir les locataires pour recueillir l’adhésion à l’Amicale, ça permettait de rendre visite aux personnes qui ne pouvaient pas se déplacer.
Je pense à une dame qui vivait au 4ᵉ étage. J’allais souvent lui rendre visite et j’avais du mal à repartir ! Elle est née à Saint-Ouen-Aumône. Elle connaissait la ville par cœur et ça lui faisait un immense plaisir de raconter sa jeunesse.”
Ces années d’investissement, de 2002 à 2023, ont été précieuses pour Éliane Pinault. “Je garde de ces 20 ans toutes les amitiés que j’ai pu avoir et que j’ai encore. Certaines personnes ont disparu, à chaque départ, ça fait quelque chose. Les grands ensembles, c’est comme une famille ! Emmaüs Habitat est un bailleur formidable, humain, avec des gens très accessibles, c’est ça qui m’a fait rester toutes ces années. Une Amicale des locataires, c’est important. Même si je ne suis plus présidente, je serai toujours là, prête à aider. Je ne peux plus m’impliquer autant, je dois penser à mes six petits enfants et mes bientôt deux arrière-petits-enfants. Ça me prend du temps, mais ça m’apporte beaucoup de joie.”